par Victoria Waldersee et Pratima Desai
BERLIN/LONDRES, 8 novembre (Reuters) - Les constructeurs automobiles européens, déjà confrontés à une pénurie mondiale de puces électroniques, se sont empressés ces derniers jours de rassurer sur la pénurie de magnésium qui ne constitue pas pour l'instant, selon eux, un risque pour leurs plans de production.
Les équimentiers automobiles et les associations de l'industrie préviennent toutefois que si la production en Chine, qui représente 85% de l'offre mondiale de magnésium, ne s'accélère pas rapidement, les constructeurs automobiles pourraient être confrontés à d'importants problèmes d'approvisionnement de ce matériau.
Les constructeurs automobiles n'achètent généralement pas eux-mêmes de grandes quantités de magnésium. Mais les fabricants de pièces, qui fournissent des composants clés aux constructeurs automobiles, dépendent fortement du magnésium, qui peut être utilisé seul ou combiné à l'aluminium pour réduire le poids des voitures.
L'allègement des véhicules est particulièrement utile pour accroître l'autonomie des voitures électriques, essentielles pour réaliser les projets de transition énergétique en Europe.
Les pénuries de puces ont déjà allongé les délais de livraison des nouvelles voitures, parfois jusqu'à un an. En l'absence d'une reprise rapide des exportations chinoises de magnésium, ces files d'attente pourraient s'allonger, a déclaré une source industrielle.
Les constructeurs automobiles Stellantis STLA.MI et BMW
BMWG.DE disent ne pas voir de problème imminent d'approvisionnement. D'autres entreprises du secteur ont affirmé que leurs stocks et le magnésium déjà en transit leur permettront de tenir jusqu'au début de 2022.
Lors d'une conférence téléphonique, le responsable des achats de Volkswagen VOWG_p.DE , Murat Aksel, a toutefois dit s'attendre à une pénurie de magnésium.
"Nous ne pouvons pas prévoir à l'heure actuelle si la pénurie de magnésium, qui se produira certainement selon le planning, sera plus importante que la pénurie de semi-conducteurs", a-t-il déclaré.
Selon des sources industrielles, la production chinoise de magnésium est à environ 50% du niveau normal, la flambée des prix du charbon et le rationnement de l'énergie ayant incité les fonderies à réduire ou à arrêter leurs activités.
La Chine a autorisé certains producteurs de magnésium à reprendre leur production, mais pas dans une mesure suffisante pour atténuer sensiblement la pénurie. Les prix ont reculé après avoir atteint des niveaux records, mais ils sont toujours à plus du double de leur prix en janvier.
"Nous sommes très inquiets de l'impact que cela aura sur nous dans quelques semaines", a déclaré à Reuters Jonathan O'Riordan, responsable de l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA).
L'entreprise allemande ZF, qui utilise le magnésium pour les boîtes de vitesses et les volants, a déclaré à Reuters qu'elle cherchait de nouvelles sources de magnésium dans d'autres pays, mais que les opportunités étaient limitées étant donné l'importance du marché chinois.
"C'est le calme avant la tempête", a averti Teresa Schad, porte-parole de l'association allemande des métaux, WV Metalle.
(Reportage Victoria Waldersee et Pratima Desai; version française Anait Miridzhanian, édité par Blandine Hénault)
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